La disparition d’Alegría Borrás Rodríguez laisse un vide douloureux et touche le GEDIP de manière marquante. Alegría fut parmi les membres fondateurs de notre association, son intégration au groupe ayant été recommandée par François Rigaux compte tenu de sa réputation, déjà à l’époque, d’internationaliste confirmée. Dès la réunion de Louvain (1991), ses contributions enrichissaient les débats des sous-groupes et du plénum sur les différents projets tant dans le domaine des obligations contractuelles (le complexe « Rome I ») et non contractuelles (« Rome II ») qu’en matière familiale et successorale, laquelle revêtait pour Alegría un intérêt particulier. Son engagement dans les négociations de la Convention Bruxelles II (1998), au sujet de laquelle elle devait rédiger le rapport publié au Journal Officiel, pouvait ainsi s’appuyer sur le « projet de Heidelberg » pour une « Convention Bruxelles/Lugano II » que le groupe avait adopté en 1993. À la demande du groupe, elle faisait ensuite entendre la position du GEDIP dans le cadre de la Conférence de La Haye, qui à l’époque préparait la nouvelle convention sur la protection des enfants. Quant au projet du groupe sur une convention communautaire « Rome II » (1998), Alegría en avait assuré une présentation au Parlement européen à la fin des années 90. De manière générale, elle était en quelque sorte l’ambassadrice du GEDIP auprès des enceintes européennes, notamment l’important Comité de droit civil, et des organisations internationales, autant qu’elle alimentait le groupe de son expérience au sein de ces enceintes. Elle occupait ainsi une place pivot dans l’élaboration d’un nouveau droit international privé européen. Elle suivait notamment la révision de la Convention de Lugano et, au GEDIP, participait aux sous-groupes étudiant l’extension du règlement Bruxelles I, le projet de règlement sur les successions internationales, le rôle de la nationalité dans le cadre du DIP européen, et, dernièrement, le projet de règlement sur le divorce. Alegría tenait beaucoup à son engagement dans la vie institutionnelle du GEDIP. En témoigne, entre autres, l’organisation de deux réunions en Espagne, dont la première (Barcelone 1994) remonte aux débuts du groupe et la seconde (Tenerife 2004) intervenait lorsqu’elle était présidente du GEDIP (2003 à 2005). Sa personnalité attachante, son savoir-faire et sa délicatesse dans les rapports collégiaux et personnels, et, last but not least, sa bonne humeur inébranlable resteront dans la mémoire collective du groupe comme souvenirs précieux et inoubliables.